The Water Breakers Tribe

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Notes: (Dorothée, 2020-12-07)

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"La Tribu des Dresseurs d'Eau", cube d'ambre remis par le SĂ©nateur Abycus Zekops Ă  l'akenak Na-Tara sur la tribu des Dresseurs d'Eau en 2545.



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− «Travaille-moi donc cette peau, p’tit gars, elle est pas assez propre Ă  mon goĂ»t» fit le maĂźtre tanneur en crachant dans la riviĂšre d’un geste peu gracieux.
− «Et qu’ça saute, p’tit gars, on a pas toute la journĂ©e, nom d’un kami sans poils ! Manquerait plus qu’un d’ces voyous bon Ă  rien d’Trykers vienne te botter l’train arriĂšre en te piquant tes dappers» marmonna-t-il en s’éloignant du point d’eau.

    C’était une belle journĂ©e qui avait dĂ©butĂ©. Le matin frais prĂ©sageait un aprĂšs-midi brĂ»lant sous la chaleur oppressante du dĂ©sert, ce qui favorisait mon travail d’apprenti tanneur de la Tribu des Dresseurs d'Eau. Mais qui disait chaleur disait soif, et les herbivores ne tarderaient pas Ă  arriver en masse au point d’eau. Et qui dit herbivores dit prĂ©dateurs
 Mais pour l’heure, il suffisait de ne pas y penser. Je travaillais depuis plus de deux heures la mĂȘme peau de varinx en la frottant avec des copeaux de bois de tama. Au bout de ces deux heures largement dĂ©passĂ©es, la peau n’était pas « parfaite Â» comme le voulait le maĂźtre tanneur, ma rĂ©serve de copeaux pour la journĂ©e Ă©tait presque Ă©puisĂ©e, sans parler des Ă©chardes que je collectionnais au creux de ma main. Quant Ă  l’eau de l’oasis, elle commençait sĂ©rieusement Ă  devenir sale et donc inutilisable. L’appel pour la pause retentit et j’eus un moment de panique. AprĂšs la pause, le maĂźtre tanneur repasserait me voir et mon travail n’ayant pas avancĂ© d’un poil, il se ferait un malsain plaisir Ă  me remonter les braies.
    Cela faisait deux semaines qu’on avait reçu cette commande du palais impĂ©rial pour refaire la chambre du petit Dexton. Descente de lit en peau de varinx. Mais pas le modĂšle standard, ni le modĂšle de base, bien entendu. Et quand ce n’était pas des commandes pour des produits hautement luxueux comme ceux que l’on avait la charge de produire, l’Empire nous commandait des armures lourdes. Mais Ă  ce moment lĂ , maints soupirs m’échappaient en regardant l’état de la peau impropre qui m’était tombĂ©e dessus. Je n’arrivais strictement Ă  rien avec ces peaux de varinx, sans parler des taches de graisse sur le pelage. Et le tout pour une mission Ă  accomplir rapidement. Toute la tribu s’activait depuis ces deux semaines. Tentures, vĂȘtements, divers tapis
 Il fallait faire de tout pour un ĂȘtre qui un jour serait l’Empereur du peuple Fyros, notre Empereur. Et chaque jour, l’eau Ă©tait un peu plus viciĂ©e, marronnĂątre. L’air Ă©tait un peu moins respirable et le vent n’arrangeait pas les choses. Certains disaient que l’orage allait Ă©clater. Je l’attends toujours.
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    L’aprĂšs-midi, comme prĂ©vu, fut chaud et brĂ»lant. Mais rien n’aurait pu m’empĂȘcher de finir ma douloureuse tĂąche aprĂšs la violente correction offerte gracieusement entre deux chicots de la part du maĂźtre tanneur. GĂ©nĂ©reux il Ă©tait. Je finis par enfin rĂ©ussir Ă  nettoyer correctement la peau, comme il le fallait, et, fier de mon travail, relevais la tĂȘte pour regarder les troupeaux d’herbivores s’abreuver au bord de l’eau. Mais lĂ , rien. Rien de chez rien. Pas l’ombre d’un herbivore. Pourtant, l’astre du jour Ă©tait haut dans le ciel et les bestiaux auraient dĂ» se trouver en ces lieux. Oui, mais non. Plus tard, je m’étonnerai du fait de n’avoir vu aucun prĂ©dateur non plus. Etrange.

− «HĂ© Xerc’, fit mon amie matisse de deux annĂ©es de Jena ma cadette, t’as r’marquĂ© ? Trois jours qu’on a pas vu d’brouteur ni d’bouffeur d’mektoub ! Moi j’parie qu’le Ma-Duk, et ben ’y va nous tomber d’ssus ! Â»
    Jeune sot Ă©namourĂ© que j’étais, je souris bĂȘtement Ă  la petite homine au visage brĂ»lĂ© par le soleil du DĂ©sert tout en mangeant mon brouet infect. « Pas l’temps Â» disait le maĂźtre tanneur, il fallait se contenter de rations quasi-militaires immangeables pour finir la commande impĂ©riale dans les temps. Et l’absence des herbivores ne facilitait pas les choses. Je soupirais encore une fois, sans prĂȘter attention aux chuchotements qui se propageaient dans le campement de la tribu. Au bout d’un moment, les chuchotis se turent et, intriguĂ©, je sortis ma tĂȘte du plat infect que l’on Ă©tait obligĂ© d’ingurgiter et manquais de justesse de m’étouffer avec une infecte bouchĂ©e de brouet.

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− «Est votre mĂ©tier bien, tanneur, mais pas de respectueuse Nature. Il faut arrĂȘter activitĂ© polluante votre car animaux plus veulent boire dans l’Oasis d’Oflovak et mourir dessĂ©chĂ©s sont dans le dĂ©sert en train. Sont les Kamis attristĂ©s par morts ces par centaines ! Vous comprennez ? Devriez-vous. Â»
    Deux sentinelles se dressaient majestueusement devant le maĂźtre tanneur de la tribu des Dresseurs d'Eau trĂšs pĂąle et peu fier. Les yeux mauves reflĂ©tant une immensitĂ© insondable fixaient l’homin avec une froideur peu engageante.
− «Mais, 
 Nous avons des dĂ©lais trĂšs courts imposĂ©s par le Palais de Pyr, et  »
− «Silence fais tu, homin, n’est l’eau pas bonne pour vie. Pas de vie, pas vous de sur Atys. Vous arrĂȘter votre travail devez jusqu’à ce que l’eau bonne soit et buvable aussi. Sinon Ma-Duk punir vous pourra dĂ©cider. Â»
    Le pauvre maĂźtre tanneur perdait consistance comme neige de forĂȘt au soleil du dĂ©sert. J’en eus presque de la peine pour lui, mais comprenais que s’il dĂ©cidait d’arrĂȘter la production, nous risquions de perdre le marchĂ©, notre renommĂ©e et beaucoup de choses encore. Peu de temps aprĂšs, les kamis partirent, non sans un rappel de nos devoirs d’homins envers eux.
    La journĂ©e passa au ralenti, chacun errant d’un plan de travail Ă  un autre. La prĂ©sence des kamis ne prĂ©sageait rien de bon et des aveux Ă  mi-voix parcouraient le campement, comme s’ils Ă©taient dans l’attente d’un jugement divin. Au soir, le maĂźtre tanneur rassembla la tribu Ă  la lueur d’un feu de camps et annonça sa dĂ©cision : ils n’arrĂȘteraient pas ce qui touchait au travail de riviĂšre, que les eaux se purifieront d’elles-mĂȘme et que les herbivores finiront bien par revenir, stupides bestioles qu’elles Ă©taient. Certains jurĂšrent, priĂšrent, pleurĂšrent, mais le maĂźtre Ă©tait le maĂźtre.

    Je fus parmi les cinq membres de la Tribu des Dresseurs d'Eau Ă  me dresser contre le maĂźtre tanneur. Tous rĂ©clamaient le droit de se battre contre lui afin de savoir s’il Ă©tait toujours digne de diriger les opĂ©rations. Si l’un d’entre nous gagnait, nous pouvions faire ce que nous voulions, et le maĂźtre tanneur se ferait bannir de la tribu. L’inverse marchait aussi. Les quatre autres avaient tous Ă©chouĂ© et reposaient leurs espoirs sur moi. Si je gagnais, ils resteraient. Si je perdais
 Nous serions bannis. Toute la tribu assistait Ă  la lutte. Elle ne dura pas longtemps. Je glissais sur une sorte de peau tannĂ©e Ă  terre et entraĂźnais mon adversaire dĂ©jĂ  fortement fatiguĂ© dans ma chute avec moi, et Ma-Duk sait comment, je me retrouvais au-dessus de lui. Au-dessus de tous les membres de la Tribu. HumiliĂ©, le maĂźtre tanneur s’enfuit et ma premiĂšre dĂ©cision fut d’arrĂȘter tout travail de riviĂšre. Tant pis si nous prenions du retard, les Kamis n’ont pas Ă  ĂȘtre mĂ©contents.
    Finalement, la commande fut honorĂ©e avec seulement quelques semaines de retard et ma tribu fut largement rĂ©compensĂ©e. Nous entretenons depuis d’excellents rapports avec le Palais ImpĂ©rial dans tout ce qui touche au cuir. J’espĂšre que mon fils Boeseus sera mon digne successeur.

  Mémoires de Fyre, par Xercus Xalon, de la Tribu des Dresseurs d'Eau.



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